Une fois la saison terminée à Kokomo, les Dodgers décident de l'envoyer dans sa ville natale finir l'année avec les Royaux de Montréal alors membres de la ligue Internationale un circuit de calibre AAA. Ainsi à 19 ans il se retrouve dans le circuit au calibre le plus élevé à part les Majeures. Il vit donc un rêve le soir du 4 septembre 1957 lorsqu'il se présente sur le terrain du stade DeLorimier où il a vu si souvent évoluer les Royaux dans sa jeunesse alors qu'il accompagnait son père aux matchs. Son idole du temps était Chuck Connors le joueur devenu acteur et il se retrouvait à la même position au premier but. Le journal La Patrie du lendemain souligne les qualités défensives de Harkness qui a également obtenu 1 double en 4 apparitions au bâton (2). Harkness obtiendra 3 coups sûrs en 18 apparitions lors des 6 matchs auxquels il participera avec les Royaux.

Harkness partage sa saison 1958 entre les Bruins de Des Moines de la Western League un circuit de calibre A où il frappe pour. 265 en 86 matchs et les Victoria Rosebuds de la ligue du Texas (calibre AA) ou il obtient une moyenne de. 251. Il ne frappe que 5 circuits au total cette année-là.

En début de saison 1959, il se retrouve à nouveau avec les Royaux de Montréal où il disputera 17 matchs avant d'être cédé aux Blue Jays de Green Bay de la ligue Illinois-Indiana-Iowa (calibre B). À Montréal, où il porte le dossard numéro 2, il ne frappe que pour 0,216, mais il fait tout de même produire 8 points durant son court séjour. Le gérant Clay Bryant dit alors qu’il est prometteur, mais n’a pas assez d’expérience pour jouer régulièrement à Montréal (3). Concernant ce court séjour Harkness nous a raconté l'anecdote suivante : en début de saison les Royaux jouent quelques matchs à La Havane contre les Sugar Kings. Suite à la révolution de Fidel Castro, la situation est assez tendue à Cuba surtout que Castro lui-même est dans les estrades. Il y a donc des gardes avec des armes automatiques un peu partout dans les abris des joueurs. Le 19 avril en soirée, devant une grosse foule d'environ 20 000 personnes, les Royaux sont en avance 2 à 1 en deuxième manche. Avec 2 retraits, les buts sont remplis lorsque Tony Gonzalez (qui jouera plus tard dans les Majeures, surtout pour les Phillies) se présente au bâton pour les Cubains. Il frappe alors une longue balle qui est fausse par au moins 10 pieds, mais l'arbitre américain Joe Lusalava a si peur qu'il déclare la balle en jeu pour un grand chelem et une éventuelle victoire des Sugar Kings 6 à 2 (4). Clay Bryant le gérant des Royaux, un homme très costaud, lance son poing dans les airs par frustration et il heurte accidentellement un soldat au visage. Sur le coup, le soldat pointe son arme vers les joueurs dans l'abri croyant qu’il s’agit d’un geste volontaire. Tommy Lasorda le lanceur des Royaux se lève alors et lui dit en espagnol que c'est un accident et le soldat baisse finalement son arme. Lasorda était à l'époque bien connu à Cuba puisqu'il avait même eu des conversations avec Fidel Castro sur la possibilité d'organiser des écoles de baseball là-bas. Sans sa présence, comme le souligne Harkness, la situation aurait pu être tragique.

Avec les Blue Jays de Green Bay pour le reste de l’année, Harkness présente une moyenne au bâton de 0,316 en 103 matchs avec 19 circuits 19 doubles et 5 triples. Comme lors de sa saison à Kokomo il est nommé sur l'équipe d'étoiles de la ligue.

En 1960 Tim évolue pour les Crackers d’ Atlanta de la Southern Association un circuit de calibre AA. À nouveau à cet endroit il connaît une excellente saison frappant pour 0,293 avec 28 circuits, 29 doubles, 5 triples et 111 points produits en 151 matchs. Encore une fois, il est élu sur l’équipe d’étoiles du circuit. Comme tout au long de sa carrière d'ailleurs, Harkness obtient également beaucoup de succès défensivement et selon les spécialistes il cogne maintenant à la porte du baseball majeur. Lors de l'entretien que nous avons eu avec Harkness celui-ci nous a parlé de cette période dans les mineures. Il souligne que les longues randonnées en autobus non climatisés par les grandes journées de canicule ne sont pas faciles. Mais on est jeune et on rêve aux majeures. Il dit qu'il n'a pas à se plaindre de cette période puisque son père avait très bien négocié. Il faisait 850 $ par mois alors que bien d'autres ne faisaient que 200 $; il n'en parlait pas à personne pour ne pas faire de jaloux.

En 1961 Tim Harkness évolue toute la saison avec les Indians de Spokane de la Pacific Coast League (calibre AAA). Après un lent départ, il se replace et domine finalement l'équipe au niveau des points produits et des circuits. Il obtient en fait une moyenne de 0,256 avec 21 doubles, 7 triples, 17 circuits et 82 points produits. Il continue de se distinguer en défensive en plus d'avoir un très bon œil au bâton puisqu'il obtient 93 buts sur balles. Cette fois-ci les majeures sont vraiment à sa portée même s'il y a beaucoup d'aspirants au poste de premier but avec les Dodgers. Au cours de la dernière semaine de la saison, il entend des rumeurs à l'effet qu'il pourrait être rappelé par les Dodgers qui sont déjà éliminés de la course au championnat. Son gérant Preston Gómez ne lui dit rien avant la journée du dernier match de la saison. Sa femme doit partir avec sa fille et lui de Seattle vers Montréal, mais avant le match Gómez l’informe qu'il s'en va à Los Angeles et qu'elles devront voler seules. Ainsi celui dont l’élan avait été comparé à celui de Ted Williams l'année précédente par le Los Angeles Times (5) accède finalement au grand circuit à 23 ans. Il participe à son premier match le 12 septembre 1961 et obtient un but sur balles comme frappeur suppléant contre Jack Baldschun des Phillies. Le 23 septembre il obtient son premier coup sûr dans une victoire de 8 à 5 des Dodgers contre les Cards à St-Louis. Il vient frapper pour Johnny Podres en cinquième manche et place un roulant au champ droit contre le lanceur Larry Jackson ; il vient par la suite compter sur un ballon-sacrifice de Wally Moon. Le lendemain, il obtient 2 buts sur balles contre Bob Gibson et un double en neuvième contre Craig Anderson. Il termine finalement l'année avec 4 coups sûrs en 8 pour une moyenne de 0,500, dont 2 doubles et 3 buts sur balles. Défensivement, il est parfait.